30.09.08

L'enseignement des Maths en Tunisie.

Après la Suisse, nous poursuivons avec toujours autant de plaisir notre tour du monde de l'enseignement des Mathématiques. Si vous voulez vous aussi témoigner, n'hésitez pas à nous joindre (sebastien.hache@sesamath.net).
Cette fois-ci, nous remercions chaleureusement Mansar Rached qui enseigne au collège Menzel Kamel (Monastir) en Tunisie.

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Notre Particularité

En 1988, en Tunisie, et pour la première fois depuis l'indépendance en 1956, fut introduit l'enseignement en langue arabe des mathématiques et cela de la façon suivante :
- Les six premières années, les mathématiques sont enseignés en langue arabe ;
- Les trois années du collège c'est la langue arabe aussi, mais les symboles mathématiques utilisés sont en français ;
Au total un élève avant d'accéder au lycée aura suivi les mathématiques en langue maternelle pendant 6 années et en langue hybride pendant 3 année avant de retrouver la langue française au lycée.
Au début, cela à créé une bilatéralité dans le discours et dans l'écrit, mais au fur au mesure qu'on avance dans le processus de l'enseignement, cette difficulté apparente de manier deux langues dans une même phrase laisse place à la compréhension totale. Cela dure depuis 1995 qu'on enseigne les maths ( à notre façon ). Maints programmes ont évolué depuis et on a su acquérir cette habilité à manier deux langues différentes dans une même phrase.
Étant un prof au collège, Il faut bien sûr préciser que je parle de l'enseignement des mathématiques au collège et non au lycée car la bilatéralité du discours est présente au collège seulement. Au lycée les élèves suivent les maths en français.
Cette bilatéralité était un choix depuis 1988. Les responsables en Tunisie ont opté pour ce prototype unique aux pays arabes. Ils ont choisi que la langue d'enseignement des mathématiques est en arabe jusqu'à la neuvième année ( dernière année du collège).
Les six premières années c'est l'arabisation totale : écriture et symboles. A la première année du collège on garde la langue arabe et on commence avec les symboles en français et cela pour trois années.

Le système d'enseignement

Commençons point par point. Les mathématiques occupent une place trop importante dans le système éducatif tunisien : le coefficient est parmi les plus élevés dans l'enseignement de base ( 3 années au collège ). Elle se place juste après les deux langues principales l'arabe et le français qui sont affectées du coefficient 4. Les autres matières oscillent entre 1 et 2 pour coefficient.
Un élève au collège est amené à suivre quatre heures de maths par semaine généralement subdivisés comme suit : deux heures d'algèbre ( calcul pour les petits ) et deux heures pour la géométrie.
L'année scolaire étant elle-même subdivisée en trois trimestres. Un trimestre comporte trois évaluations : deux devoirs de contrôle de durée de 45 minutes et un devoir de synthèse ( 1 h) réalisé dans une semaine spéciale dite chez nous « semaine bloquée. »
L'évaluation des élèves pour la discipline maths est en perpétuelle effervescence. On commence cette année a intégrer les qcm dans nos évaluations, expérience déjà faite aux niveaux supérieurs ( lycée, le bac tunisien comporte désormais un exercice qcm ).
Pour les ressources pédagogiques, c'est le CNP (centre national pédagogique ) qui gère tout ça. Un prof de maths n'a pas de manuel qui lui soit propre : il se sert du manuel de l'élève et des directives générales de l'inspecteur. Généralement, pendant l'école d'été, on se réunit pour discuter et planifier les nouveaux programmes ( repartions horaires + objectifs généraux ).
Donc disons que chaque prof prépare ses leçons à sa façon. Pas de modèle préconisé pour tous les profs. Certes, il y a des directives bien précises, il y a des consignes mais le reste c'est le travail personnel de chaque enseignant
Les profs de maths au collèges ont une journée pédagogique ( pas de cours aux collège ) pour les réunions avec les inspecteurs. Nous sommes conduits a assister pour en débattre sur le programme en cours et pour se forger une idée précise sur la méthodologie à suivre pour enseigner tel ou tel chapitre

TICS

L'intégration des TICS en classe, c'est le nouveau défi de l'enseignement au collège. On commence certes à petits pas mais la volonté y est. Notre ministère ne cesse de nous encourager par des formations gratuites et par des séminaires tout le long de chaque année scolaire. On commence à avoir une communauté des maths et tics : http://www.reseaux.edunet.tn/maths/
L'état ne cesse d'encourager l'intégration des nouvelles technologie en classe. L'informatique est devenue une matière indépendante ces dernières années. Les manuels scolaires de maths comportent des activités appelées usage des tics. Au collège pas assez : donc c'est la volonté du prof d'intégrer ou pas ces outils.
L'usage des tics maintenant n'est pas un besoin vital, mais comme c'est un outil d'aide trop précieux (surtout pour la géométrie) et comme tous les lycées et les collèges en Tunisie sont équipés d'outils informatiques et de connections internet haut débit, je trouve qu'il faut s'emparer de cette aubaine et essayer de faire évoluer les choses. Intégrer l'outil informatique en classe pour moi est une nécessité primordiale.
Je pense que nous sommes pas arrivés à parler de nos propres logiciels (ça viendra sûrement ). Maintenant on utilise les open source et les freeware en classe et en salle d'informatique.
Je peux vous parler de mon expérience car je suis un mordu des tics. Personnellement j'utilise le tableur CasenPoche pour la recherche de PGCD et PPCM et pour quelques petites conjonctures pour l'arithmétique.
Le logiciel GeoGebra m'aide énormément pour enseigner différemment les énoncés de Thalès ou de Pythagore. Cette année, j'entame l'expérience de faire un club maths et tics basé seulement sur ces deux logiciels et sur le manuel scolaire de la neuvième année de base que j'enseigne.
Un coin de mon site relatera les activités de ce club qui aura pour but essentiellement voir les démonstrations mathématiques autrement : conjecturer et démontrer avec l'ordinateur c'est mon premier but.
Pour ces deux logiciels, je ne trouve pas l'intérêt modifier la barre des outils en arabe car je pense que c'est une occasion d'apprendre à jeune âge les mots techniques en français qui sera la langue utilisée au lycée.
J'ai découvert Sésaprof et j'en suis ravi. J'essaye d'apprendre en contemplant vos travaux et en sculptant tout ce qui peut m'aider à mieux enseigner."

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