12.09.08



Le blog de Sésamath inaugure une nouvelle piste que nous espérons très riche : celle des différentes façons d'enseigner les mathématiques dans le monde. Nous avons souvent pu remarquer qu'on en apprenait beaucoup sur soi-même en regardant comment procédaient les autres, dans les différences comme dans les points communs. Si vous voulez, vous aussi, témoigner de votre pratique, avec ses joies et ses difficultés, n'hésitez pas à nous joindre : tout le plaisir sera pour nous.

Merci à Cyril Jeanbourquin d'avoir accepté de commencer la série en nous parlant de son travail à l'école secondaire de la Haute-Sorne, en Suisse, où il enseigne les Maths et l'informatique à des élèves entre 12 et 16 ans.

« J'ai un plaisir énorme à enseigner les mathématiques à mes deux classes. Pour chaque classe, je dispose de 5 leçons hebdomadaires. Les élèves qui s'orientent vers les études scientifiques disposent en plus de 2 leçons de mathématiques appliquées, pas forcément avec le même prof.

Le plaisir vient du fait que les élèves sont la plupart très motivés et sont demandeurs. Les questions fusent, les problèmes se résolvent avec passion. Évidemment, certains domaines passent mieux que d'autres, et certaines périodes de l'année sont un peu plus pénibles. De ce côté, pas de miracle.

Le système scolaire jurassien

Il faut savoir que jusqu'en 2010, chaque canton fait sa petite cuisine. Je vous présente la situation de la République et Canton du Jura, qui est différente de chaque canton.

Les élèves commencent leur scolarité par une ou deux années de maternelle, de 4 à 6 ans. Ensuite, ils passeront 6 années dans le cycle primaire.

En 6e année (6e France), les élèves passent deux tests qui, pris avec la note d'année, leur permet, en mathématique, français et allemand, d'accéder à 3 niveaux au collège: A, B et C.

Ainsi, un élève doué en math, faible en français et moyen en allemand se retrouvera en A en math, C en français et B en allemand (profil ACB). C'est un cas assez rare mais existant. L'essentiel des profils est homogène, soit AAA pour les élèves destinés aux études et CCC pour les élèves ayant de grandes difficultés scolaires.
Dans les classes de niveaux C, les élèves sont peu nombreux, soit une douzaine d'élèves en moyenne pour les cours. Au niveau A, les classes peuvent atteindre 24 élèves.

Le collège dure trois ans.

Pour 50% des élèves, l'école pure s'arrête au terme de ces 3 ans. Cette moitié de population scolaire s'orientera alors vers l'apprentissage d'un métier, soit en gros 3 jours par semaine en entreprise, et 2 jours dans une école de métiers.
Sur une même population scolaire, seulement 20% des élèves iront au Lycée. En clair, nous n'avons que 15-20% de bacheliers.

Nouveaux moyens d'enseignement

Revenons à l'enseignement des mathématiques. Il y a 5 ans, un projet ambitieux a vu le jour. Dans toute la Romandie (7 cantons suisses de langue française), une seule et même collection de livres de math a été réalisée pour l'ensemble des élèves de 12 à 16 ans. Que les élèves soient doués ou qu'ils soient en difficulté scolaire, les mêmes ouvrages sont utilisés comme fil rouge.

Arrivé en 7e année (3e), chaque élève reçoit aujourd'hui une pile de livres (5 livres de format A4 et de 170 pages en moyenne). L'élève garde ces ouvrages durant les 3 années de son parcours au Collège.

En plus de ces livres, l'élève reçoit un CD, qui accompagne la collection: ce CD contient une version particulière de Cabri II Plus, et d'autres outils: un grapheur, des animations, des visualisations de problèmes en 3D.

Les ouvrages sont axés vers la résolution de situation-problèmes, et vers des démarches socio-constructivistes. Ce cours tout comme notre enseignement est aujourd'hui très influencé par des chercheurs français comme Roland Charnay et Michel Mante. Certes, il y a des tendances différentes d'un enseignant à l'autre, mais nous avions pris l'habitude de nous réunir entre profs de tout le canton environ plusieurs fois par an, soit pour des conférences, soit pour un suivi autour des nouveaux moyens. Tout cela permet de mieux se comprendre et d'éviter que chacun d'entre nous ne dévie progressivement avec le temps.

La place des MITIC dans mon enseignement.

Pour moi, il n'y a pas de maths sans utilisation des nouvelles technologies. Quel mathématicien moderne n'utilise pas l'ordinateur comme un esclave infatigable ?
Comment peut-on faire croire que tout doit se faire à la main ou dans la tête, à une époque comme la nôtre?

Dans mon parcours, j'ai rencontré il y a 10 ans Luc Trouche, ex directeur de l’IREM de Montpellier, actuellement à l'INRP (Institut National de Recherche Pédagogique), lors d'une conférence sur l'usage des technologies en mathématique lors d'un Congrès en Belgique. Mes impressions sont devenues alors des convictions.

Dans mes classes, l'ordinateur est utilisé par les élèves en moyenne une leçon sur cinq. Pour la simulation et l'observation en géométrie, pour les calculs répétitifs ou complexes, pour les représentations graphiques, et pour la 3D. Je l'utilise également pour le renforcement, grâce à Mathenpoche réseau.

Dans l'autre partie de ma profession, dans un mandat cantonal, je gère un groupe qui propose des activités pédagogiques en ligne pour la classe : www.educlasse.ch et www.cyberdefi.ch

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