Après la Suisse, puis la Tunisie, nous changeons encore de continent dans notre tour du monde de l'enseignement des Mathématiques. Europe, Afrique, et maintenant l'Amérique du Sud et plus précisément l'Argentine. Si vous voulez vous aussi témoigner, n'hésitez pas à nous joindre (sebastien.hache@sesamath.net).
Ce sera pour nous une chance et un plaisir !
Merci beaucoup à Marta Garcia et à Lorena C Nuñez pour ce témoignage très intéressant !
Caractéristiques du système éducatif argentin
En Argentine l’enseignement obligatoire commence à 5 ans, en maternelle. Ensuite il y a 6 ans d’école primaire et 6 ans d’enseignement secondaire, dont les 3 derniéres années offrent quatre modalités dominantes : Sciences Naturelles, Économie et Gestion des Organisations, Art & Design et Humanités. Durant les 6 années de l’enseignement secondaire, on enseigne 4 heures de Maths – chaque heure de 60 minutes – jusqu’à la cinquième année, et 2 heures de 60 min chacune en sixième.
Les programmes des différentes modalités sont différents, mais en Argentine on n’a pas d’examen de type BAC, et tous les élèves qui réussissent le collège secondaire peuvent entrer dans n’importe quelle université (où la plupart d’entre eux échouent aux examens de Maths ou s'y préparent en payant des cours dans des instituts privés).
Le parcours curriculaire dans la Province de Buenos Aires, et aussi dans la ville de Buenos Aires, présente une claire influence de la didactique Française. Dans les Instituts de formation des enseignants, les noms de Guy Brousseau, d'Yves Chevallard, de Marie-Jeanne Perrin, de Régine Douady, de Roland Charnay (entre autres), sont toujours mentionnés, et leurs livres traduits en Espagnol font partie de la formation enseignante des maîtres d’école et des professeurs.
En Argentine, l’enseignement est décentralisé. Dans la décade néo-libérale des années 90, l’État National s’est défait de toutes ses écoles de tous niveaux. Elles sont passées sous la responsabilité des États Provinciaux ou des villes où elles étaient établies.
Aujourd’hui, on a un Ministère National de l’Éducation, mais sans écoles. La Loi Nationale de l’Éducation, issue de cette même décade, donne l’autonomie institutionnelle aux établissements scolaires. Cette organisation provoque des différences, parfois importantes, entre les contenus et les compétences développés dans des écoles même géographiquement proches et dans la même juridiction.
Situation des professeurs de Mathématiques
Les professeurs de Maths cherchent toujours à se perfectionner, à découvrir de nouvelles bibliographies, à suivre des cours de formation continue, mais ils rencontrent des difficultés considérables : pour gagner sa vie, un professeur doit travailler dans trois institutions (ou davantage), pas nécessairement géographiquement proches, avec une charge horaire de 30 à 40 heures par semaine! L'indispensable temps de concertation des enseignants n'est pas rémunéré par les institutions. Il n'y a pas de conseillers pédagogiques pour aider les enseignants, rien qui ressemble à un IPR de mathématiques. Ajoutons à cette situation le contexte général de tout le pays, caractérisé par des parents sans emploi (au chômage), des familles pauvres ou en-dessous de la limite de pauvreté, des mineurs délinquants, des personnes dépendantes ou en situation d’abandon, ... La tâche enseignante dans les écoles ou les collèges publics est très difficile. Malgré ces conditions, les profs font en général d’énormes efforts pour réaliser un bon travail, parfois même en utilisant leurs propres ressources pour satisfaire les nécessités élémentaires de leurs élèves...
On ne peut pas espérer une bonne éducation dans ce contexte, on ne peut pas exiger grand'chose des élèves dans cette situation. Les niveaux d’enseignement sont de plus en plus bas.
Mais il y a des exceptions : le Collège National de Buenos Aires qui dépend de l’Université de Buenos Aires est gratuit, public et c’est un des meilleurs lycées de l’Argentine!
En général, aujourd’hui en Argentine, les familles qui le peuvent préfèrent payer un enseignement privé à leurs enfants.
Mon expérience personnelle
Je travaille depuis plus de 30 ans dans un établissement privé d’éducation secondaire de la congrégation “Servantes de Marie d’Anglet”, avec des élèves appartenant à des familles de classe moyenne–basse, à Monte Grande. Heureusement les élèves respectent les enseignants qui peuvent donner des cours dans une bonne ambiance, et même exiger du travail personnel et une bonne performance générale.
On est cinq profs de maths pour à peu près 500 élèves du niveau secondaire.
Dans ma situation particulière, j’ai quatre cours, dont deux de 5ème et deux de 6ème du secondaire, chacun avec quatre heures de soixante minutes.
Dans cet établissement, comme dans presque tous les cas, il y a une unique salle d’informatique, qui est utilisée par tous les niveaux d’enseignement pour l'“Informatique” : c’est pourquoi cette salle est toujours occupée. Les TICE ne sont pas répandues en Argentine dans l’enseignement des maths : les établissements scolaires ne sont pas équipés et nous, les enseignants, ne savons pas utiliser les TICE.
Je dispose d’un vidéo-projecteur avec lequel je montre quelques concepts, des vidéos, des figures dynamiques avec GeoGebra, mais toujours à titre démonstratif.
Le fait de partager des expériences sur les TICE est très important dans notre environnement, puisque les conditions pour que cette modalité puisse être diffusée chez nous ne sont pas réalisées.
Comment enseignons-nous les Maths?
Parfois, et chaque fois qu’il est possible, on propose un problème où les connaissances disponibles ne suffissent pas, un problème qui montre une nécessité d’apprendre un nouveau concept ou de connaître une autre stratégie ou méthode de résolution. Une fois ce point atteint, on développe le concept dans la classe et ensuite on donne aux élèves un guide de travaux pour être développés en classe et à la maison. On utilise le tableau noir traditionnel, avec les craies ou les feutres.
En termes généraux, les profs de maths ne se servent pas de livre pour les élèves dans les cours, pour plusieurs raisons:
-La plupart des élèves ne peuvent pas les acquérir.
-Généralement, ils ne s’adaptent pas au plan du professeur.
-Les élèves ont des difficultés à lire et à interpréter n’importe quel texte, plus encore s’il s’agit d’un langage spécial comme est celui des mathématiques.
Actuellement, une réforme des programmes courants de mathématiques est à l'étude. Jusqu’à présent, on n’a que les nouveaux programmes des trois premières années du secondaire. Nous supposons que l’enseignement de la géométrie et des démonstrations sera prévue, du fait qu’ils sont absents dans nos programmes de base.
La présentation qui précède a été développée par deux professeurs de maths : Marta S García, ayant plus de 30 ans d’expérience dans des collèges privés et des instituts d´Etat pour la formation de futurs professeurs, avec la collaboration de Lorena C Nuñez, une jeune professeur, ayant de l’expérience dans des collèges secondaires publics de quelques zones sensibles de Monte Grande, un village situé à 30 km au sud de la ville de Buenos Aires. Elle a aussi de l’expérience dans formation des futurs professeurs.
En lisant cet article, j’ai vécu une expérience d’enseignement des mathématiques en ARGENTINE? comme si j’y étais, déjà sa me rappelle mon expérience d’enseignant de mathématiques au Sultanat of Oman.
Des points commun et des problèmes anologues que celle vecu en tunisie:
Les élèves ne donnent pas de l’importance aux mathématiques.
Les enseignents ne peuvent pas et ne veulent pas utiliser les TICE.( Malgré une formation proposée et gratuite)
Les mathématiques sont socialement mal réfuté et considérées comme matière très difficile et faite pour quelques uns( Les plus doués).
Merci pour votre article chers collègues et je parlerais de mon expérience comme enseignant de mathématiques et comme inspecteur( encadreur, formateur) des enseignants de mathématiques en Tunisie la prochaine fois. Aurevoir.
Bonjour!
Je fais un exposé en allemand sur le système scolaire en Argetine et je voudrais connaitre une journée type d’un élve, le systéme de notation et les pauses…
merci
a bientot
Cette expérience montre que la principale difficulté des élèves se trouve en Langue. L’utilisation de textes en Maths pourrait résorber cette difficulté si on considère que les Maths ne sont qu’une abstraction de la pensée et le texte une traduction de celle-ci. L’enseignant de Math devra beaucoup travailler avec celui des Langues pour avoir des résultats probants.