L’aventure Mathador, en quelques mots, est une tentative de rapprochement entre trois mondes : les nombres, l’école et le jeu … En résumé, Mathador a deux vies : dans et en-dehors de l’école, et c’est, je crois, important de créer des images mathématiques attractives qui puissent tisser des liens entre l’école et la vie réelle. Le jeu et d’autres outils comme par exemple Mathenpoche, ont cette qualité. Dès qu’un élève est capable, de lui-même, de pratiquer des mathématiques en dehors du cadre scolaire, c’est un petit bout supplémentaire de l’image des mathématiques austères qui se brise. Créer les conditions d’un véritable apprentissage des mathématiques sans oublier le plaisir, voilà ce dont le jeu est capable. La question de l’intérêt et de l’utilité pédagogique du jeu ne se pose (presque ?) plus, il s’adresse à tous, mais il y a un piège pour l’enseignant : la pratique dans la classe pose un problème lié à l’image du jeu. Cette dernière est biaisée : jeu = plaisir donc pas du travail, c’est faux mais culturellement solidement installé dans la tête de nos élèves et cela induit une posture de l’élève et du groupe-classe pas toujours facile à gérer pour l’enseignant. Bien que cette image change, l’antinomie entre prendre du plaisir en jouant et apprendre, est encore forte. Mathador essaye de contribuer à cette dynamique de changement.
Comment fabriquer 95 avec 2 ; 2 ; 6 ; 7 et 13 ? En essayant d'avoir le maximum de points (+ 1 pt, - 2 pts, x 1 pt et : 3 pts).
Dans le cadre de la classe, j’utilise presque exclusivement une variante de Mathador car le jeu complet avec plateau et carte-énigmes est difficile à utiliser avec 25 à 30 élèves, à réserver plutôt pour le club jeux maths. La pratique de Mathador avec une classe tourne autour de deux axes :
- Régulièrement à la fin du cours de mathématiques, un élève lance les 7 dés du jeu, j’écris les nombres au tableau (Présentation en photos) et c’est parti pour quelques minutes de gymnastique neuronale. Les élèves ont pour consigne d’écrire leurs calculs avec éventuellement l’écriture complète en ligne.
- Autre utilisation : dans la salle multimédia avec la version de la Variante en ligne sur le site Mathador (la règle et le jeu). Les élèves, un ou deux par poste, jouent une ou deux parties. J’ai pour habitude de finir une séquence d’une heure de Mathenpoche par 10 à 15 minutes de jeu. Ces deux pratiques (les dés ou le jeu en ligne en salle multimédia) sont complémentaires. La première en classe permet de travailler le passage à l’écriture en ligne avec parenthèses et règles de priorité alors que le jeu en ligne développe davantage les automatismes, la consolidation des mécanismes opératoires et le côté défi en cherchant à obtenir le maximum de points. La version en ligne présente un autre avantage. Dans le cadre d’une utilisation régulière, c'est une façon de mesurer ses capacités en calcul mental et de suivre l’évolution de cette mesure. A l’échelle d’une année scolaire, c’est très intéressant et les progrès peuvent être parfois étonnants.
Quelques repères pour le jeu en ligne suite à une pratique de quelques années, c’est bien sûr approximatif et sans prétention :
En-dessous de 40 points : les neurones sont à stimuler, l'entraînement est indispensable !
Entre 40 et 70 points : bilan correct mais peut encore mieux faire !
Entre 70 et 100 points : on peut maintenant le dire, c'est bien !
Au-delà de 100 points : ca y est, vous êtes dans la cour des très bons !
Ces repères sont valables pour un niveau moyen de collège
Plaidoyer pour une pratique du calcul mental « à l’envers ».
Au-delà de l’aspect purement ludique, Mathador et tous les jeux basés sur le principe du « Compte est bon » (Trio, Multiplay...) développent et consolident les mécanismes en calcul mental, le sens des opérations et les ordres de grandeur. Ceci pour une raison très simple, l’élève a des choix numériques et opératoires à effectuer à la différence d’une pratique plus classique du calcul mental où l’élève doit appliquer une consigne. Ces deux pratiques du calcul mental « à l’endroit » et « à l’envers » me paraissent très complémentaires et à développer.
A vous de jouer et de faire jouer…
Eric Trouillot
eric.trouillot@wanadoo.fr