Très tôt dans son existence, Sésamath s'est intéressée aux liens possibles avec la recherche et plus précisément avec la didactique des Mathématiques. Dès le départ, les chercheurs du domaine ont pris leur place dans MathemaTICE, la revue de Sesamath.
Cet intérêt est peut-être dû à une certaine conjonction de personnes ou de circonstances. Peut-être aussi est-il plus profond : il y a dans la démarche très empirique de Sésamath quelque chose qui évidemment se cherche. L'évolution de Sésamath est une succession d'actions puis de réfléxions sur ces actions amenant des ajustements, des corrections ou de nouvelles actions. Beaucoup de ceux qui critiquent l'association, soit critiquent justement cette façon de procéder (il y a une sorte d'autorité intellectuelle qui veut qu'on ne doive exhiber que ce qui est sûr et déjà fortement validé) soit ne voient pas les phases de réflexion entre les phases d'actions. Il faut dire aussi que tout cela se faisant à un rythme effréné, Sésamath est clairement un processus qui s'auto-alimente en permanence et que les boucles de rétraoaction sont très courtes et parfois même complètement implicites.
Depuis maintenant 2 ans, les liens de Sésamath avec la recherche sont en train de se structurer. Cette structuration trouve son origine à la fois dans une volonté réciproque mais aussi dans le fait que Sésamath est devenu en quelques années une sorte de phénomène.
Quels sont les différentes interactions qui sont en train de se mettre en place ?
1) Sésamath comme objet de recherche.
Sésamath a indéniablement des points de ressemblance et des particularismes en comparaison d'autres communautés du libre comme Wikipedia par exemple. Par rapport également à d'autres associations d'enseignants. En cela, Sésamath elle-même, son fonctionnement, son historique, son mode et impact économique... est un objet potentiel d'études. Un objet à regarder sous plusieurs angles simultanément : sciences de l'éducation, sociologie et économie. En particulier le côté "mathématiques" de Sésamath a ici une importance toute relative. Sésamath est avant tout étudié en tant que communauté de personnes (en l'occurence ici une association) en interaction avec son milieu. Une telle recherche a été lancée. Nous aurons l'occasion d'en reparler ultérieurement. Pour Sésamath, l'intérêt est colossal : mieux se connaître pour mieux se comprendre et augmenter considérablement sa capacité à se réfléchir.
2) Sésamath comme outil pour la recherche.
Lors du colloque Didirem, c'est un aspect que Michèle Artigue a souligné. Jusqu'à maintenant, les recherches en didactique des Mathématiques concernaient essentiellement des milieux restreints : une classe, plusieurs classes... mais rarement à l'échelle de plusieurs milliers de professeurs ou élèves. De par sa structure et le le levier Internet, Sésamath est un lieu idéal pour de telles recherches à l'échelle Macro. Les élèves inscrits à la version réseau de Mathenpoche se comptent en centaines de milliers... et un espace comme Sésaprof, avec plus de 5 500 profs inscrits actuellement, est un lieu propice à ce genre d'études.
Si Sésamath cherche à mieux comprendre comment fonctionnent les échanges, comment les utilisateurs utilisent (ou pas) les ressources mises à leur disposition... il est évident qu'un appui méthodologique externe est une chance pour l'association et un nouveau levier d'amélioration.
3) Sésamath comme vecteur pour la recherche.
C'est encore un autre aspect, cette fois-ci directement liée à l'audience de Sésamath (réelle, potentielle ou présumée). On peut penser qu'actuellement beaucoup d'études et de recherches, amenant parfois à la réalisation d'ingénieries sous diverses formes (et donc d'outils), restent peu ou pas connues, ne bénéficiant d'aucun relais de diffusion (ou de relais faibles). A ce stade, Sésamath peut relayer l'information et même co-diffuser des outils. Son intérêt est lié à son objet "les mathématiques pour tous", mais plus profondément encore à une volonté de ne pas simplement créer des outils mais aussi et surtout de créer de la réflexion autour de ces outils et de la réflexion tout court.
En conclusion.
Je pense que les liens entre Sésamath et la recherche vont nécessairement s'amplifier, d'abord et avant tout car les intérêts sont réciproques et les objectifs convergents.
La distinction que j'ai faite ci-dessus est largement artificielle, car les trois aspects sont souvent étroitement liés et se renforcent mutuellement. Ceci dit, cette schématisation permet peut-être de mieux voir les enjeux.
Je vais finir par croire que le prénom Gérard prédispose à une aptitude à produire un boulot énorme en quantité et en qualité. Dans l'association Sésamath, nous en avons deux.
Gérard Vinot dont le premier contact avec nous a été, à l'époque, du genre : "J'ai fait toutes les corrections des fiches Mathsenligne, je ne sais pas si ça vous intéresse...".
Et la réponse a été du genre : "Les corrections, c'est un peu embêtant parce qu'on peut difficilement les mettre sur le site, accessible aux élèves, mais un type qui est capable de faire tout ce boulot là, tu m'étonnes que ça nous intéresse !". Le style de ce billet peut paraître un peu familier, mais je vous assure que les conversations avec Gérard sont largement pires. Depuis, il a fait une énorme partie des aides animées de Mathenpoche, après un beau boulot sur le tableau virtuel.
L'autre Gérard, c'est Gérard Kuntz. La bibliographie qui est signée de lui est aussi riche que dense. Chacun dans Sésamath apprécie sa sagesse et la profondeur de son discours en toute circonstance. C'est une chance énorme pour Sésamath qu'il ait accepté de prendre en charge la coordination de la revue Mathematice, ce qu'il fait d'une main de maître.
Mais pourquoi je vous parle des Gérard, moi ?
Ah oui ! C'est parce que je viens d'en découvrir un autre via son site web. Le nom du site est SHTAM (lire « J' t'aime » pour mettre un cœur sur le A de maths) et le nom de l'auteur est Gérard Germain.
C'est un site qu'il dit avoir mis en ligne essentiellement pour ses élèves et leurs parents mais que tout le monde peut consulter.
Quand on tombe sur un site comme celui-là, on se demande bien comment on a fait pour ne pas le connaître plus tôt, et on s'empresse de le mettre dans ses favoris pour rattraper le temps perdu. Pourquoi ? Je vais vous le dire...
D'abord, c'est très complet. On trouve des ressources variées (cours, animations, fiches de synthèse, exercices auto-corrigés...) pour tous les niveaux du collège. Pour chaque chapitre, on peut donc toujours se demander comment Gérard a bien pu voir les choses.
Ensuite, enseignant, c'est un métier... Ca parait être une évidence mais il n'est parfois pas inutile de le rappeler comme l'a fait un reportage récent d'Envoyé Spécial. En tant qu'enseignant, en ouvrant les premiers documents ou animations, je suis tout de suite séduit. Les explications sont claires, la rigueur est de mise... on voit que Gérard Germain connaît son métier. On constate également rapidement que la technique est maîtrisée et très bien mise au service de la pédagogie.
Par exemple, cette animation sur la division euclidienne m'inspire immédiatement plusieurs scénarios d'utilisation en classe ; cette présentation du rapporteur me parait élégante et efficace ; cette figure interactive sur le centre circonscrit me parait être un excellent support pour une activité de recherche.
On voit également que ce n'est pas les prouesses techniques qui prédominent. On trouve des documents qui sont de simples fichiers de traitement de texte, mais qui sont, culturellement parlant, remarquables. Deux exemples quasiment au hasard : les polyminos et les polygones étoilés.
Pour terminer, une question à l'auteur : dans un document sur pi (non, je ne fais pas une fixation !), je n'ai pas bien compris la question de la fin. Est ce pour attirer l'attention sur le fait que ce sont des quatrains d'alexandrins ? Il existe cependant une suite à ce poème qui permet de dépasser les trente décimales.
Après la Suisse, puis la Tunisie, nous changeons encore de continent dans notre tour du monde de l'enseignement des Mathématiques. Europe, Afrique, et maintenant l'Amérique du Sud et plus précisément l'Argentine. Si vous voulez vous aussi témoigner, n'hésitez pas à nous joindre (sebastien.hache@sesamath.net).
Ce sera pour nous une chance et un plaisir !
Merci beaucoup à Marta Garcia et à Lorena C Nuñez pour ce témoignage très intéressant !
Caractéristiques du système éducatif argentin
En Argentine l’enseignement obligatoire commence à 5 ans, en maternelle. Ensuite il y a 6 ans d’école primaire et 6 ans d’enseignement secondaire, dont les 3 derniéres années offrent quatre modalités dominantes : Sciences Naturelles, Économie et Gestion des Organisations, Art & Design et Humanités. Durant les 6 années de l’enseignement secondaire, on enseigne 4 heures de Maths – chaque heure de 60 minutes – jusqu’à la cinquième année, et 2 heures de 60 min chacune en sixième.
Les programmes des différentes modalités sont différents, mais en Argentine on n’a pas d’examen de type BAC, et tous les élèves qui réussissent le collège secondaire peuvent entrer dans n’importe quelle université (où la plupart d’entre eux échouent aux examens de Maths ou s'y préparent en payant des cours dans des instituts privés).
Le parcours curriculaire dans la Province de Buenos Aires, et aussi dans la ville de Buenos Aires, présente une claire influence de la didactique Française. Dans les Instituts de formation des enseignants, les noms de Guy Brousseau, d'Yves Chevallard, de Marie-Jeanne Perrin, de Régine Douady, de Roland Charnay (entre autres), sont toujours mentionnés, et leurs livres traduits en Espagnol font partie de la formation enseignante des maîtres d’école et des professeurs.
En Argentine, l’enseignement est décentralisé. Dans la décade néo-libérale des années 90, l’État National s’est défait de toutes ses écoles de tous niveaux. Elles sont passées sous la responsabilité des États Provinciaux ou des villes où elles étaient établies.
Aujourd’hui, on a un Ministère National de l’Éducation, mais sans écoles. La Loi Nationale de l’Éducation, issue de cette même décade, donne l’autonomie institutionnelle aux établissements scolaires. Cette organisation provoque des différences, parfois importantes, entre les contenus et les compétences développés dans des écoles même géographiquement proches et dans la même juridiction.
Situation des professeurs de Mathématiques
Les professeurs de Maths cherchent toujours à se perfectionner, à découvrir de nouvelles bibliographies, à suivre des cours de formation continue, mais ils rencontrent des difficultés considérables : pour gagner sa vie, un professeur doit travailler dans trois institutions (ou davantage), pas nécessairement géographiquement proches, avec une charge horaire de 30 à 40 heures par semaine! L'indispensable temps de concertation des enseignants n'est pas rémunéré par les institutions. Il n'y a pas de conseillers pédagogiques pour aider les enseignants, rien qui ressemble à un IPR de mathématiques. Ajoutons à cette situation le contexte général de tout le pays, caractérisé par des parents sans emploi (au chômage), des familles pauvres ou en-dessous de la limite de pauvreté, des mineurs délinquants, des personnes dépendantes ou en situation d’abandon, ... La tâche enseignante dans les écoles ou les collèges publics est très difficile. Malgré ces conditions, les profs font en général d’énormes efforts pour réaliser un bon travail, parfois même en utilisant leurs propres ressources pour satisfaire les nécessités élémentaires de leurs élèves...
On ne peut pas espérer une bonne éducation dans ce contexte, on ne peut pas exiger grand'chose des élèves dans cette situation. Les niveaux d’enseignement sont de plus en plus bas.
Mais il y a des exceptions : le Collège National de Buenos Aires qui dépend de l’Université de Buenos Aires est gratuit, public et c’est un des meilleurs lycées de l’Argentine!
En général, aujourd’hui en Argentine, les familles qui le peuvent préfèrent payer un enseignement privé à leurs enfants.
Mon expérience personnelle
Je travaille depuis plus de 30 ans dans un établissement privé d’éducation secondaire de la congrégation “Servantes de Marie d’Anglet”, avec des élèves appartenant à des familles de classe moyenne–basse, à Monte Grande. Heureusement les élèves respectent les enseignants qui peuvent donner des cours dans une bonne ambiance, et même exiger du travail personnel et une bonne performance générale.
On est cinq profs de maths pour à peu près 500 élèves du niveau secondaire.
Dans ma situation particulière, j’ai quatre cours, dont deux de 5ème et deux de 6ème du secondaire, chacun avec quatre heures de soixante minutes.
Dans cet établissement, comme dans presque tous les cas, il y a une unique salle d’informatique, qui est utilisée par tous les niveaux d’enseignement pour l'“Informatique” : c’est pourquoi cette salle est toujours occupée. Les TICE ne sont pas répandues en Argentine dans l’enseignement des maths : les établissements scolaires ne sont pas équipés et nous, les enseignants, ne savons pas utiliser les TICE.
Je dispose d’un vidéo-projecteur avec lequel je montre quelques concepts, des vidéos, des figures dynamiques avec GeoGebra, mais toujours à titre démonstratif.
Le fait de partager des expériences sur les TICE est très important dans notre environnement, puisque les conditions pour que cette modalité puisse être diffusée chez nous ne sont pas réalisées.
Comment enseignons-nous les Maths?
Parfois, et chaque fois qu’il est possible, on propose un problème où les connaissances disponibles ne suffissent pas, un problème qui montre une nécessité d’apprendre un nouveau concept ou de connaître une autre stratégie ou méthode de résolution. Une fois ce point atteint, on développe le concept dans la classe et ensuite on donne aux élèves un guide de travaux pour être développés en classe et à la maison. On utilise le tableau noir traditionnel, avec les craies ou les feutres.
En termes généraux, les profs de maths ne se servent pas de livre pour les élèves dans les cours, pour plusieurs raisons:
-La plupart des élèves ne peuvent pas les acquérir.
-Généralement, ils ne s’adaptent pas au plan du professeur.
-Les élèves ont des difficultés à lire et à interpréter n’importe quel texte, plus encore s’il s’agit d’un langage spécial comme est celui des mathématiques.
Actuellement, une réforme des programmes courants de mathématiques est à l'étude. Jusqu’à présent, on n’a que les nouveaux programmes des trois premières années du secondaire. Nous supposons que l’enseignement de la géométrie et des démonstrations sera prévue, du fait qu’ils sont absents dans nos programmes de base.
La présentation qui précède a été développée par deux professeurs de maths : Marta S García, ayant plus de 30 ans d’expérience dans des collèges privés et des instituts d´Etat pour la formation de futurs professeurs, avec la collaboration de Lorena C Nuñez, une jeune professeur, ayant de l’expérience dans des collèges secondaires publics de quelques zones sensibles de Monte Grande, un village situé à 30 km au sud de la ville de Buenos Aires. Elle a aussi de l’expérience dans formation des futurs professeurs.
Sésamath a déjà publié plusieurs billets dans ce blog sur la question du libre en général et des notions de solidarité internationale en matière d'éducation.
Ces deux domaines ont, selon nous, de nombreux points communs.
Et s'il est vrai que l'association s'est construite finalement dans une grande méconnaissance de ces questions, elle est en train de combler rapidement son retard.
Qu'est-ce que ces "ressources éducatives libres" ? Et d'abord qui cela intéresse-t-il ?
Pour en parler très concrètement, je voudrais présenter l'initiative "Ressources Educatives Libres en Afrique Francophone" soutenue notamment par l'UNESCO et l'AUF (Agence Universitaire de la Francophonie).
Je cite en particulier ce passage de la page du garde du site :
"A l’heure actuelle, l’intégration des REL dans les programmes éducatifs est devenu un phénomène mondial. De nombreux pays proposent l’utilisation de ce type de ressources pour multiplier le développement de cours en ligne mais également pour favoriser le libre échange de ressources. Plus structurée dans certaines régions du monde, la notion de REL reste encore limitée et peu comprise et utilisée en Afrique francophone.
Basé sur la gratuité totale ou partielle en fonction des licences, ce système de production et d’échange est aujourd’hui envisagé comme une solution adaptée et réaliste qui permettrait aux pays africains de se positionner en tant que producteurs de contenus et non plus en tant que simples consommateurs de ressources souvent peu adaptées. Cette voie propose également de nouveaux modèles économiques, notamment pour la production de manuels scolaires au niveau local sur la base d’un travail collaboratif entre enseignants."
En quoi l'association Sésamath s'inscrit-elle dans ce mouvement et comment peut-elle aider à le promouvoir ?
Sésamath a acquis une petite expérience sur la construction collaborative de manuels scolaires sous licence libre. Au départ, cela apparaissait utopique et impossible pour beaucoup. Pourtant force est de constater que 4 manuels scolaires et autant de cahiers d'exercices libres ont ainsi été créés dans le cadre de l'association. Avec un nouveau modèle économique à la clé, qui fonctionne d'ailleurs très bien !
Cela peut-il être utile à d'autre ? Comment partager cette expérience ?
Ce sera en grande partie l'enjeu de mon intervention lors du premier atelier de REL AF qui se tiendra à Dakar début Mars. Sésamath a beaucoup de chance de participer à un tel atelier, pour essayer de donner un peu de son expérience, mais aussi et surtout pour recevoir celle des autres, un bien très précieux.
Une réflexion encore plus personnelle maintenant.
Il y a maintenant 5 ou 6 mois, en écoutant un reportage à la télévision, j'ai entendu un ancien prix Nobel (d'économie me semble-t-il) qui, parlant du grave problème du prix des aliments de base, invoquait la nécessité, pour lui, d'en fixer le prix, en dehors des règles du marché, afin d'éviter les drames humains qu'on a pu voir ces dernières années.
Cette notion de nourriture de base. Un bien vital.
Immédiatement, je me suis dit qu'on pouvait sans doute faire un parallèle avec la notion de "ressources éducatives de base". C'est sans doute moins vital au niveau physique et morphologique. Mais peut-être tout autant d'un point de vue humain.
Or s'il paraît d'emblée difficile de régler facilement la question de la nourriture, a priori ça semble beaucoup plus réaliste et à notre portée, concernant les ressources éducatives.
En lisant ce matin le très bon livre "Wikipedia, découvrir, utiliser, contribuer" écrit par Florence Devouard et Guillaume Paumier (édition PUG), je suis tombé sur cette phrase de Michel Serres :
"Si vous avez du pain et moi deux euros, et si je vous achète du pain parce que j'ai faim, vous allez avoir deux euros et moi du pain. Cet équilibre-là, qu'on appelle un "jeu à somme nulle", est le principe même de l'économie. Tandis que si vous savez un théorème ou quelque information concernant le vivant et que vous me l'enseignez, vous me le donnez mais vous le gardez. Par conséquent, ce n'est plus un jeu à somme nulle. Ce déséquilibre produit, infiniment, des connaissances illimitées."
Ce qui est peut-être le plus étonnant dans tout ça, c'est que pour parvenir à construire ces "ressources éducatives de base", nul besoin, a priori, de grandes décisions politiques : cela peut se faire en partant complètement de la base, et c'est sans doute ainsi que c'est le plus efficace (ce qui ne veut pas dire qu'ensuite il ne faut pas un relais institutionnel, bien au contraire). Sésamath, par exemple, ne doit rien (et plutôt même le contraire) au ministère de l'éducation nationale en France et s'appuie finalement sur assez peu d'enseignants (certes particulièrement motivés). Mais même ainsi (et j'allais dire, surtout ainsi) l'effet levier est très important, spectaculaire même à certains égards.
A méditer.
Tout alpiniste rêve de gravir l'un des 14 sommets de plus de 8000 mètres...
Dans Mathematice, les "plus de 8000" (connexions) sont à ce jour au nombre de 7. Mais les 600 visiteurs quotidiens de la revue poussent vers ce haut niveau bien d'autres articles : parmi les 8 "plus de 6000", certains grimpent à une vitesse impressionnante!
Voici le palmarès. Il dépend évidemment de la durée de mise en ligne des articles. Mais aussi (et surtout) de leur "popularité", notion complexe et difficile à cerner.
Quelle est la part de Google dans cette "popularité"?
Celle de la qualité mathématique et pédagogique?
Qu'est-ce qui rend un article "populaire"?
Pouvez-vous nous éclairer? Nous expliquer ce qui fait le succès d'audience des articles que voici?
Pourquoi les deux premiers enregistrent-ils un score véritablement "hors catégorie"?
Calculatrice virtuelle (24655 connexions)
Cercle et tangente (16117)
Utiliation du rapporteur du TBI en classe de sixième (13061)
Calcul@TICE : Un rallye de calcul mental en ligne à la liaison CM2/6e. (11248)
De l’utilisation de MathenPoche pour l’évaluation des élèves (11086)
Utilisation d’un tableur pour la résolution d’un système d’équation en classe de 6ème (10726)
Angles et cercles en Sixième (10036)
Surprise, profitant de la file d'attente du blog et des vacances de Noël, un nouveau 8000 vient d'émerger. Il s'agit de Maîtriser la calculatrice au collège. (9066)
La liste n'a pas fini de s'allonger! Il y en a 28 aujourd'hui (07/10/2010)
http://revue.sesamath.net/spip.php?article232&var_mode=preview
gkuntz@sesamath.net
Le journal du CNRS Images des mathématiques se mue en site Web de même nom accueillant un ensemble d'articles sur les mathématiques pour un public cultivé. Comme l'indique le sous-titre du site, les mots y sont au-moins aussi important que les images...
Les responsables du site précisent : Images des Mathématiques a pour but de présenter la recherche mathématique — en particulier française — et ses métiers, à l’extérieur de la communauté scientifique. Tous les articles sont écrits par des personnes pratiquant la recherche en mathématiques, mais aucun article n’est écrit à leur intention. On espère ainsi montrer les aspects mathématiques de la recherche contemporaine, bien sûr, mais aussi ses aspects historiques, culturels et sociologiques.
Le site est placé sous la direction d'Etienne Ghys, un des auteurs du film à succès Dimensions : une promenade mathématique.
Les textes publiés hésitent entre billets de blogs et articles plus largement développés.
Mathématiciens et finance (de Jean-Pierre Kahane) entre dans la première catégorie. Un commentaire acide en conteste d'ailleurs le contenu...
Les tresses : de la topologie à la cryptographie constitue un article de fond tout en évitant les développements trop techniques (ce type d'article est classé, comme au ski, sous la rubrique « Piste bleue » ou « piste rouge » selon la difficulté).
La rencontre avec Wendelin Werner est réalisée sous la forme d'une interview vidéo.
Biographies et dossiers complètent un ensemble riche, dense, varié et plaisant.
Ce site ambitieux sera à terme une vaste base de données de textes et d'images de culture scientifique pour les enseignants et leurs classes.
Aux rencontres de l'Orme 2006, Cyberecoles a recueilli le témoignage d'un enseignant d'un collège d'Arles, utilisateur assidu de Mathenpoche.
Au collège de Paulhan, dans l'académie de Montpellier, des enseignants ont construit un petit reportage vidéo sur une séance Mathenpoche utilisant la version réseau.
Vous pouvez trouver de nombreux autres retours d'expérience dans cet article de Mathematice.
Je suppose que vous avez deviné que ce n'est pas de la vidéo ci-dessus dont je veux vous parler... Celle-ci est distrayante, mais la suivante est largement plus riche, mathématiquement parlant.
Canal-u est une vidéothèque en ligne, accessible gratuitement, proposant des conférences, cours, documentaires universitaires. C'est un projet de la communauté universitaire piloté par la SDTICE.
En mathématiques, plusieurs dizaines de vidéos sont proposées, de quoi parfaire sa culture et nous remettre en mémoire quelques notions.
J'en ai retenu une qui me semble utilisable avec des élèves de lycée, voire des collégiens motivés. Elle concerne le nombre pi et a pour cadre la salle éponyme du Palais de la Découverte.
Je vous laisse la découvrir sur le site de canal-u.
Les deux dossiers consacrés aux TNI dans MathemaTICE soulignent la rapidité de l'évolution des outils informatiques et de leur pénétration dans le monde éducatif.
En mars 2007, le dossier du numéro 4 s'intéressait essentiellement à ce qu'il était possible de faire techniquement avec ce dispositif, et en montrait diverses facettes, mais sans proposer une réflexion d'ensemble. Ce dossier est toujours parmi les plus consultés de la revue, preuve que de nouvelles vagues d'enseignants cherchent à savoir s'il s'agit outil dans lequel investir ou d'un gadget de plus...
Dix-huit mois plus tard, le dossier proposé dans le numéro 12 pose des questions fondamentales : Le tableau numérique interactif : quelles spécificités vis-à-vis d’autres dispositifs ? Quand et pourquoi l’utiliser ? L'auteur, Liouba Leroux y répond de façon très précise :
"Suivant la pédagogie utilisée, il sera plus ou moins appréciable de pouvoir manipuler directement au tableau et d'utiliser le TNI comme un tableau à mémoire.
-Avec l'arrivée de l'écriture manuscrite sur les TNWii, ceux-ci obtiennent la fonction de mémorisation de ce qui est écrit par le professeur ou par les élèves, et la possibilité de manipuler et de diffuser a posteriori la totalité de la trace écrite d'une séance.
-Les tableaux numériques commerciaux ne gardent plus qu'une seule caractéristique spécifique : le fait de réunir dans un seul objet et une seule interface, de façon ergonomique, robuste et simple, les fonctionnalités décrites dans cet article."
Deux autres articles témoignent déjà d'un certain recul par rapport au dispositif :
Trois années d’utilisation d’un TBI en cours de Mathématiques
et
Un premier bilan du déploiement des TBI en Primaire
Pendant que la réflexion pédagogique se déploie, les innovations techniques audacieuses ne sont pas en reste :
Exemple d’usage d’une classe mobile couplée à un Tableau Numérique Interactif en Mathématiques
S'il veut donner sa pleine mesure, le TNI doit être l'indissociable association d'un dispositif technique en rapide évolution et d'une réflexion pédagogique qui demande l'apport de nombreux utilisateurs.
Pouvez-vous nous dire comment vous utilisez cet outil?
Le week-end dernier, le seuil des 30 000 inscrits a été franchi pour le nombre d'abonnés à lettre Sésamath.
Il faut croire qu'on aime bien les nombres un peu ronds, c'était déjà le cas avec les 5 000 inscrits à Sésaprof.
Certes, cela fait toujours un peu "auto-promotion", mais après tout, il n'y a pas grand mal à auto-promouvoir de temps en temps un projet un peu fou comme Sésamath.
Mais qui sont donc tous ces inscrits à la lettre de Sésamath ? Et bien sachez qu'on retrouve environ 50% de profs (de Maths pour l'écrasante majorité, mais pas uniquement), 40 % d'élèves et 10% de parents.
Le système d'envoi de la lettre permet de la cibler parfois sur les seuls enseignants et plus rarement sur les élèves et parents.
Cette lettre est en train de changer profondément, puisque des nouveaux espaces spécifiques se sont créés dans Sésamath pour les enseignants (avec une lettre Sésaprof) et prochainement pour l'accompagnement à la scolarité (élèves et parents).
Au moment de l'inscription à cette lettre, il est possible de laisser un petit message de soutien ou d'encouragement. C'est donc déjà plusieurs milliers de tels messages qui ont été écrits. Parfois, sur la liste des membres de l'association, Benjamin nous fait passer une petite sélection des plus récents... évidemment, ça fait toujours grand plaisir !
J'ai profité de ce billet pour aller relire la première lettre de Sésamath. Elle sont toutes archivées sur le site. Cette première lettre remonte au 6 Mars 2002, presque 7 ans déjà. J'étais alors président de l'association. Nostalgie, quand tu nous tiens !
Cette phrase en particulier me fait sourire avec le recul : "En particulier, beaucoup des messages de soutien que vous nous avez adressés commencent à porter leurs fruits auprès de l'Education Nationale. Nous vous en remercions et vous tiendrons au courant des évolutions.". On est un peu naïf quand on est jeune (et même après) !
Juste peut-être pour terminer, cette phrase que je ne renierai pas, bien au contraire :
"N'hésitez pas à parler de sésamath autour de vous. Le nombre fait aussi la force dès qu'il s'agit de lutter contre la marchandisation."